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Tangala : l’histoire coloniale revisitée

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A moins de quatre mois de la sortie de la bande dessinée culte « Tangala », Tojo et Motus nous livrent ici quelques réflexions sur leurs parcours d’auteurs, l’écriture de l’œuvre et leur passion pour les périodes d’après-guerre et de la colonisation.

*Les Nouvelles : Pour commencer, racontez-nous votre parcours et comment vous êtes venu à la BD ?

– Tojo : La passion de la peinture et du dessin germait en moi depuis tout petit. De fil en aiguille, j’ai perfectionné mon style en participant à des concours, des expositions et des festivals nationaux.  Plus tard, j’ai travaillé en tant que caricaturiste et dessinateur dans une presse humoristique locale. Mon premier album, sobrement intitulé «Malaso», est sorti aux éditions Sary 92 en 2007.

*Qu’est-ce que l’expérience du tome 1 du Tangala vous a apporté pour la suite de la série ?

– C’est Motus qui s’occupe du scénario. Moi je m’attelle à la planche.  Ceci dit, la colonisation a simplement servi de «toile de fond » pour mettre en valeur le style de dessin que nous souhaitons faire ressortir. L’album fait aussi référence aux conjonctures et contextes actuels du pays.

*C’est-à-dire ?

– Les Malgaches ont tendance à s’attacher aux cultures étrangères aux dépens de la leur. Ils ressentent un certain sentiment de honte pour leur propre pays. La bande dessinée s’interroge ici sur la question de l’identité personnelle et de la fierté collective, dénonce la lâcheté complice des responsables qui ne font rien alors que le pays sombre dans le chaos. Un pays appartient à ceux qui l’aiment avec respect.  Madagascar ne fait pas exception.

*Le deuxième tome sortira à quel moment ?

– Je termine actuellement le tome II. Il devrait normalement sortir dans les bacs dans le courant du mois de novembre. Je projette de présenter le livre à la 44ème édition du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême. Par ailleurs, j’aimerais qu’il soit encore primé au Festival de la bande dessinée d’Alger tout comme en 2014.

* Quels sont vos prochains projets ?

La saga devrait se poursuivre jusqu’au 5è tome. Par ailleurs, j’aimerais apporter ma pierre à l’édifice pour donner au 9è art malgache la place qu’il mérite. Beaucoup de jeunes dessinateurs ont du talent mais n’ont pas les moyens pour y arriver. Je souhaiterais aussi faire partager un peu de mon expérience à ceux qui méritent d’être connus et reconnus.

Tangala en quête de reconnaissance internationale

En gestation, Tangala a été élu «meilleur projet» lors de la septième édition du Festival international de la bande dessinée d’Alger (FIBDA) en 2014. La BD est sortie officiellement aux éditions «Des Bulles dans l’Océan» au mois de novembre dernier tandis que les  auteurs prennent la route, enchaînent la promotion de l’œuvre, côtoient le bédéphile et s’enrichissent de rencontres innombrables. Ce qui leur a valu de participer à la 43ème édition du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême qui s’est déroulée du 28 au 31 janvier dernier. Ce n’est qu’au mois de juin de cette année que la bande dessinée a été dévoilée aux bédéphiles malgaches à l’occasion de la 12è édition du Festival Gasy Bulles.

Le pitch

Madagascar, colonie française, 1946. Tangala, revenu de la guerre, dirige un commerce prospère dans le centre d’Antananarivo. Son ami Séverin, un colon, tombe amoureux de sa sœur. Mais les relations sont compliquées entre les deux peuples, surtout, si l’autorité coloniale s’en mêle en voulant accaparer un terrain familial indigène. Tangala, Séverin, Aïna, trois destinées chamboulées, avec brutalité.

«Séverin s’entiche de la sœur de Tangala et il l’avoue un soir à Tangala. Tangala lui rétorque que c’est un amour impossible, qu’en raison de leurs origines antinomiques, ce serait la mettre en danger. Les deux amis se quittent brouillés. Et tandis que Séverin sombre dans l’alcool pour le restant de la nuit afin de ruminer cela, Tangala découvre en rentrant chez lui que Zara a sûrement rejoint le groupe armé des indépendantistes malgaches», c’est en ces termes que les auteurs décrivent la situation dans laquelle évoluent les personnages.

*Les Nouvelles : Dans un premier temps, pouvez-vous présenter votre parcours en tant que scénariste ?

– Motus : Autodidacte et passionné par la BD depuis l’âge de huit ans, ce fut comme un flash et je m’en souviens encore. Mon oncle de l’époque m’a sorti sa collection de Strange, Spécial Strange, etc…, et j’ai été immédiatement tombé sous le charme de ce média. Ensuite, avec des amis, nous avons créé nous -mêmes nos BD. Sans réellement m’en rendre compte, j’ai commencé une carrière qui n’en était pas encore vraiment une. C’est réellement après de longues années de rôling (jeux de rôle) et d’écriture que je me suis lancé. Après plusieurs échec de parcours, je travaille maintenant sur plusieurs projets simultanément qui je l’espère verront le jour… un jour.

*Comment est venue cette collaboration avec Tojo Alain ?

– Et bien, c’est justement au moment où j’ai décidé à me lancer. J’avais un scénario en main mais pas de dessinateur. Je suis parti en quête sur internet et le blog de Tojo m’est apparu. Après contact, nous avons décidé de travailler ensemble malgré la distance qui nous séparait.

* Parlez-nous de « Tangala », Comment envisagez-vous la suite de l’histoire ?

– Ha ! Je n’aime pas trop parler des histoires que j’écris à l’avance ni trop dévoiler mes plans mais je peux vous dire que les jours heureux pour Tangala sont véritablement derrière lui, au même titre que le sont ceux de l’île. L’intrigue va se poursuivre comme elle a commencé avec certainement une plus grande part d’introspection avec notre héros et le croisement avec des faits historiques majeurs de cette époque.

* L’expérience « Tangala » vous a-t-elle donné un aperçu des bédéistes et de la bande dessinée malgache en général ?

Oui et non. Oui, car je découvre de grands talents (graphique comme satyrique), et non car la BD malgache n’est certainement pas assez mise en avant sur la scène internationale et francophone. J’ai l’impression de n’en connaitre qu’un dixième alors que ma collaboration avec Tojo et DBDO m’a permis d’en découvrir déjà beaucoup ! Comment peut-il être possible de trouver tant d’auteurs et de talents au m2 dans un pays ??? Blague à part, je suis certain qu’avec un groupement de talents malgaches solides, organisé et assidu, la BD malgache pourrait rayonner localement, sur la scène francophone, voire internationale.


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