La 11ème édition du festival Rencontres du film court (RFC) bat actuellement son plein. Le réalisateur Raymond Rajaonarivelo en est le parrain à vie. A ce titre, il a donné ses impressions sur cet art qui commence à se développer sérieusement au pays. Interview…
*Les Nouvelles : vous êtes le parrain de ce festival depuis plusieurs années. Comment trouvez-vous actuellement le niveau de ces jeunes cinéastes ?
-Raymond Rajaonarivelo : Depuis quelques années, on peut constater de plus en plus d’engagement de la part des artistes, surtout des cinéastes malgaches. Ils deviennent plus sérieux et font davantage de recherches, que ce soit au niveau technique ou artistique, afin d’obtenir de bons résultats. Ainsi, ce ne sont plus que des faiseurs d’images mais de vrais metteurs en scène. Rappelons qu’un artiste a toujours pour mission de véhiculer un message, et s’il est conscient de ce rôle, il offrira des produits plus réfléchis et plus intelligents au grand public. Car il ne faut pas oublier que le cinéma est l’art qui permet le plus de faire passer son message et transmettre sa culture, et éduquer ainsi le public. Pour susciter à terme un développement.
* Comment le cinéma permet-il au public de se développer ?
– Les Etats-Unis ont tout de suite compris l’ampleur de cet art sur leur peuple et même ailleurs. Durant les Trente glorieuses, ils ont beaucoup investi dans cet art afin de pouvoir « manipuler » ou imposer leur culture dans le monde entier. Les salles de projections étaient inondées de films américains… Et actuellement, comme nous pouvons le voir, la culture américaine est presque universelle : tout le monde s’habille à l’américaine, tout le monde veut vivre le rêve américain. C’est pour expliquer que la culture de l’image est importante. Tout doit être bien étudié, parce que chaque image peut s’ancrer inconsciemment dans la mémoire des spectateurs. C’est pour cette raison qu’il faut faire attention, notamment, quand on habitue le public à des films dont les principaux messages se tournent vers la violence, le public va être violent. Si on l’habitue à des films plus intelligents, il devient plus intelligent. Et vice-versa.
* N’avez-vous jamais songé à créer une école à Madagascar en matière de cinématographie ?
– Nous y pensons justement. Mais la mise en place d’une école est liée à plusieurs facteurs, dont les professeurs. Et il en manque à Madagascar. C’est pour cette raison que je soutiens ce festival RFC qui est non seulement une occasion de projeter des films, mais aussi de former, de coacher et surtout d’orienter ces nouveaux et jeunes talents grâce à la présence des nombreux invités internationaux.
Holy Danielle